Derrière ce titre un peu provocateur, en fait simple clin d’œil, nulle volonté polémique et, surtout, nulle tentation d’affrontement. Plus simplement, le projet de proposer à tous nos confrères homéopathes de ne plus parler de « l’allopathie » en la dénommant médecine classique. Encore une de mes petites manies, doivent se dire certains. Ou alors, … l’importance de dire les choses comme elles sont.
Qu’est-ce que la médecine classique ? La quasi totalité des connaissances médicales actuelles plus l’ensemble thérapeutique : chirurgie + allopathie + thérapeutiques substitutives (insuline pour le diabète, Levothyrox pour hypothyroïdie, etc.).
La question que je pose est la suivante : pourquoi continuer d’appeler cet agglomérat médecine classique ? Quel est son dénominateur commun?
Réponse : le phénomène d’objectivation, bien sur.
Il me semble très important, capital même, de cesser d’appeler la médecine objectivante « médecine classique ». en effet, comment ne pas voir qu’appeler la médecine objectivante, médecine classique, c’est se condamner à ne pas être classique ? Et ne pas être classique, c’est, indiscutablement, d’emblée, se mettre en position de faiblesse. Certes, l’on pourrait s’imaginer que l'homéopathie serait perçue, par contraste, thérapeutique innovante, moderne, révolutionnaire ? Elle apparaît, surtout, face à la médecine classique, comme « alternative », non classique, autant dire « secondaire », qui a à faire ses preuves.
L’ex-médecine classique mériterait donc d’être appelée par son nom d’objectivante. Car elle s’applique au corps objectivé. A tout ce qu’il y a d’objectivable, mesurable, corrigible dans l’être humain. Ceci concerne, bien évidemment, l’ensemble des connaissances dont elle se réclame. Mais remarquons que, sur le plan thérapeutique, elle considère également le malade en tant qu’objet. Voyons cela.
L’arsenal thérapeutique classique, je l’ai dit plus haut, est composé de trois grands registres :
Commençons par les médicaments allopathiques.
J’appelle ainsi la plupart des anti-divers : anti-biotiques, inflammatoires, dépresseurs, hypertenseurs, arythmiques, histaminiques, etc. Autant de médicaments qui, à chaque fois, visent, ont pour objet, un paramètre, une réaction, un mécanisme physio-pathologique précis.
Les médicaments substitutifs ensuite : il est évident qu’ils s’appuient sur une objectivation des fonctions de l’organisme. Il a bien fallu objectiver la nature et l’identité des hormones, des ions essentiels de l’organisme, etc. pour pouvoir en mesurer les taux et prescrire la complémentation correspondante et adaptée.
Enfin, il est plus qu’évident que la chirurgie s’adresse à des parties d’organismes, à des « objets » organiques, os, viscères, parties d’organes, qu’elle se propose d’enlever, de corriger ou de remplacer.
Cette dimension objectivante permet d’ailleurs de repérer, et cela ne me semble pas anecdotique, que toute la thérapeutique dite « classique » est d’inspiration chirurgicale (je dirais bien volontiers qu’elle a un inconscient chirurgical) :
- Les médicaments anti- obéissent à la logique éradicatrice (antibiotiques qui détruisent les bactéries, antimitotiques qui détruisent les cellules cancéreuses, etc.) et correctrice (diurétiques, hypotenseurs, antipyrétiques, etc.) de la chirurgie.
- Les traitements substitutifs obéissent à sa logique prothétique.
Enfin, voyons bien qu’en « finir avec la médecine classique » permettrait de définir, enfin, l'homéopathie pour ce qu’elle est et non en creux des failles et manques le cette « médecine classique » et de dessiner, conformément, à la logique sémantique et à leur bio-logique, les deux champs respectifs de l’approche objectivante et de l'homéopathie.
Approche objectivante à pathologies et troubles du corps objectivé.
Approche homéopathique à pathologies et troubles du corps vécu.
Allopathie, substitution et chirurgie seraient reconnues comme les thérapeutiques de la modalité objectivante de la médecine.
L’homéopathie, comme la thérapeutique de la modalité vécue, phénoménologique, de la médecine.
Philippe Marchat
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